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Rita Hayworth
La femme au regard perdu fixe sa fille, sans la reconnaître, puis se tourne vers la glace réflétant son image. Celle d'une star autrefois vénérée sous le nom de Rita Hayworth.
Début des années 80. Yasmina Aga Khan assiste, impuissante, au naufrage de sa mère. Désemparée, elle sait qu'elle ne peut rien contre la maladie d'Alzheimer. Mais parce qu'elle refuse le jugement des autres, cette enfant aimante décide de protéger celle qui, jadis, la couva et lui fit quitter Hollywood pour un appartement new-yorkais voisin du sien.
- " Je me suis impliquée dans ce combat dès 1981, lorsque les médecins ont diagnostiqué que ma mère, Rita Hayworth, en était atteinte, car à l'époque, une association, qui regroupait une cinquantaine de personnes et s'efforçait de faire connaître ce fléau, m'a demandé de mener une vaste campagne, estimant que le nom de Rita Hayworth associé au mien attirerait inévitablement l'attention du public. On savait alors peu de choses sur la maladie d'Alzheimer et j'ai immédiatement accepté de relever le défi, comprenant que, si j'avais le moyens d'assister ma mère dans la lente dégradation, nombre de gens ne pouvaient faire de même avec leur proches et qu'il fallait absolument les aider. "
" Cela fait sept ans que la maladie a été diagnostiquée. Les derniers stades de la maladie d'Alzheimer sont particulièrement douloureux. Vous ne savez jamais combien de temps elle va durer. Ele peut prendre des semaines, des mois, peut-être même des années. Vers la fin de la maladie ma mère était alitée. Il n'y avait même pas une lueur de reconnaissance, rie de ce qu'elle avait été autrefois.
Rita Hayworth, le sex-symbol qui voulait échapper à sa condition et à ceux qui l'avaient si mal aimée, achève son existence murée dans le silence, incapable de se mouvoir. Son corps, autrefois si vibrant, dépourvu de vie. Son âme privée d'émotions.
Bien que le premier patient diagnostiqué avec ce qui allait être connu sous le nom de la maladie d'Alzheimer était une femme dans les années 1940, pour Rita Hayworth, les médecins avaient largement oublié la maladie entre la découverte de la maladie par le médecin allemand Alois Alzheimer en 1906 et les années 1970.
Il y avait d'autres oeillères dans le cas de Hayworth. Ses collègues et amis étaient engagés dans un vaste déni. Malgré l'accroissement de la confusion et perte de mémoire, elle a remarquablement relevé le défi. Elle a en quelque sorte joué avec succès le rôle d'une mère dans le film de 1972 «La colère de Dieu."
L'actrice évité les médecins, qui ont toujours accusé l'alcool. Mais finalement, en 1979, à New York le psychiatre Ronald Fieve fait un diagnostic de la maladie d'Alzheimer. Deux ans plus tard, le diagnostic a été rendu public.
«Il est inquiétant que nous avons tous pensé qu'elle buvait et nous avons attribué l'ensemble de son comportement à son alcoolisme», dira le neveu de Hayworth, Richard Cansino."
C'est dans les années 1970, que l'état mental de Hayworth a empiré, elle a connu plusieurs spectacles publics pénibles. Le pire, c'était en 1976, quand elle est devenue agitée sur un voyage en avion à Londres, et des photos de l'actrice échevelée ont été diffusés dans le monde entier.
Le '' courage et la franchise'' de Miss Hayworth et de sa famille en attirant l'attention sur la maladie d'Alzheimer a été saluée par le président Reagan dans un communiqué.
'' Rita Hayworth était une des stars les plus aimés de notre pays'', a-t-il dit. '' Glamour et talentueuse, elle nous a donné beaucoup de merveilleux moments sur la scène cpmme à l'écran et a ravi le public de l'époque dès ses débuts.
Elle fut le sex symbole des années 1940. Surnommée
" La déesse de l'amour ", elle devint une légende vivante.
Elle nous quittera le 14 mai 1987 à l'age de 69 ans.