• 1. Perception et dévalorisation du dément

     

    1.  Perception et dévalorisation du dément

    A nos yeux, le dément n'est plus tout à fait un homme. Il appartient à une catégorie dégradée, souvent dévalorisée. Il est souvent considéré comme une chose que l'on installe, qu'on entretient, mais à laquelle on ne s'adresse plus.
    Toutes les décisions sont prise à sa place, sans le consulter, comme s'il n'existait pas, comme si son avis n'avait aucune importance.
    Il est là, il fait souvent partie des meubles.

    Perception et dévalorisation du dément

      

     On ne lui reconnait plus sa pleine humanité, on l'infantilise.
    On lui parle comme à un enfant avec un ton et des gestes infantilisants.
    Les questions posées sont précédées par une prise en charge de la situation.
    On considère souvent que certains sujets difficiles ne peuvent être abordés avec les déments. La mort est souvent un sujet tabou. La mort du conjoint est souvent cachée par la famille, car " de toute façon, il ne comprendrait pas ".

     Perception et dévalorisation du dément

    Vécu

     

    Monsieur H. atteint de démence cherchait continuellement son épouse décédée depuis 2 ans. Aux questions répétées de Monsieur H., une aide-soignante, éxcédée, répondit que Madame est allée faire des courses et qu'elle reviendrait bientôt. Inquiet, il ne cessait d'interroger sur la cause du retard de son épouse.

    La vérité n'aurait peut-être pas changé grand chose dans son comportement, je m'adressai alors à une autre
    aide-soignante qui lui dit la triste vérité.
    Celui-ci, très peiné, ne chercha plus son épouse pendant quelques heures.

    Pour les proches, il est souvent difficile d'aimer le dément aussi bien pour ce qu'il a été que pour ce qu'il est devenu, de trouver un plaisir à être avec lui.
    Lors de visites, un malaise s'installe de part et d'autre.
    Il est plus facile pour ceux qui n'ont pas connu les déments, avant le début de la maladie, de les apprécier tels qu'ils sont désormais.
    La modification profonde de la physionomie de la plupart d'entre eux permet aussi de mesurer l'ampleur du deuil qu'on à faire leurs proches.

    Vécu

    Madame P. a 40 ans. Le placement de sa maman, atteinte de la maladie d'Alzheimer, en institution a été une décision très difficile à prendre. Au début, les visites étaient régulières ( 3 fois/semaine). Les mois passent et l'état général de la maman s'altère progressivement.
    Madame P. ne sait plus communiquer avec sa maman. Ses visites deviennent plus espacées ( 1 fois/semaine ). Elle n'arrive plus à retenir ses larmes. Elle ne retrouve plus sa maman, mais une étrangère. Elle a beaucoup de mal à se la rappeler alerte et pleine de vie. Elle finit par ne plus la voir que tous les quinze jours. Ses visites lui sont de plus en plus pénibles et le temps consacré à sa maman de plus en plus court. Et un jours, elle posa la question : Combien de temps peut vivre un Alzheimer... ?

     

    Mon dieu,le plus souvent, l'apparence déçoit : il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit   
                                                                                 ( Molière, Tartuffe)