• Le dément et le soignant

     

    Le dément et le soignant

    Soigner un patient atteint de démence, c'est aller à sa rencontre, l'accepter tel qu'il est, le respecter, lui faire sentir qu'on le comprend et qu'on sera présent dans les moments difficiles.

    Mais le soignant est soumis à une véritable usure psychologique tant il reçoit des coups injustes et sans motif apparent.

    Le soignant a un rôle ingrat.

    Laver un patient qui ne veut pas et qui se féfend, ou donner à manger à un autre qui refuse toute nourriture, nettoyer les selles et habiller un pensionnaire qui se salira dans les minutes qui suivent ou encore calmer un dément qui crie toute la journée.

    Le soignant doit être l'allié du dément. Vu que le dément oublie vite, cette relation est à recommencer tous les jours. Le soignant doit également oublier les manifestations agressives de la veille.

    Les efforts répétés des soignants auront pour résultat d'améliorer la communication avec le patient, lui apprendre à accepter les soins et avoir confiance dans le personnel soignant.

    Y a-t-il vraiment une communication ?

    Le dément et le soignant

    Dans la rencontre entre le soignant et le patient, outre la finalité des soins, c'est toujours la relation humaine qui doit primer. Elle est bien plus importante que la technique de soins. Le temps passé avec le patient est souvent d'une importance primodiale. Le soignant peut apporter un mieux être au patient en consacrant plus de temps à la relation.

    Est-ce possible ?

    Malheureusement, le travail en institution ne permet pas souvent de long échange et entretiens individuels avec chacun des déments.
    La toilette, la réfection du lit, la distribution et l'aide aux repas, les changes de protections, répondre aux nombreuses sonnettes et autre taches aussi importantes prennent un temps considérable et qui laisse des moments trop court consacré à une conversation verbale digne de ce nom.
    L'échange aussi bref soit-il peut être d'une grande richesse.
    L'important est bien entendu de ne pas dédaigner totalement cet échange nécessaire avec la personne que l'on soigne, que l'on aide.

     Le dément et le soignant

    Vécu

    Lors d'un stage dans une institution, Je fis la connaissance de Madame H. 73 ans d'origine polonaise. Elle est au premier stade de la démence sénile. Elle est dépressive. Son regard doux et son sourire mon conquis. Lors de la toilette, je m'attarde un peu. L'ayant choisie comme sujet pour mon rapport de stage, je lui fais de fréquentes visites. Je m'assoie et discute un peu avec elle.
    On communique. Etant stagiaire, je pouvais me le permettre.

    Après quelques jours, Madame H. me regarde avec une expression douce et me dit :

    - " Vous au moins vous êtes gentil, vous venez discuter avec moi. Les autres n'ont jamais le temps "

    Je lui expliquai que le personnel avait beaucoup de travail, qu'il s'occupait beaucoup des autres pensionnaires. Elle a baissé la tête et m'a dit :

    - " Je sais "

      Une étude dans ce domaine en particulier est nécessaire, une solution doit emmerger.

    Comme nous l'avons vu, la communication entre le dément et le soignant est d'une importance capitale et pour cela il faut également avoir recours aux renforçateurs sociaux, c'est-à-dire des encouragements et des récompenses et ceci afin de motiver certains patients à poursuivre leurs efforts.
    Ces renforçateurs peuvent être sous forme de félicitations, de sourires, de caresses. Ceux-ci sont interessants, car ils sont faciles à administrer, ne provoquent d'interruption de l'activité. Ils sont souvent associés à des paroles encourageantes : Ex : " Très bien, vous faites ça très bien, ..."

     Le dément et le soignant

    Vecu

     

      Madame Y. a 82 ans. Désorientée, Madame Y. refuse de s'alimenter, elle qui d'habitude mange si bien. Elle recrache les premières bouchées puis refuse net d'ouvrir la bouche. Je profitait d'un moment d'inattention pour lui faire ingérer un peu de nourriture. Dès qu'elle l'avala, je la félicitais. Elle me ragarda, étonnée. Je recommençais l'opération en la félicitant  chaque bouchée. Est-ce l'intonation de ma voix ? Est-ce les mimiques que je faisais avec mon visage ? Je ne saurais le dire, mais Madame Y. a fini son repas.

      

    Les renforçateurs doivent être adaptés au niveau du patient et à la difficulté de la tâche à accomplir. Ils doivent être individuels et devront s'appuyer sur une observation attentive du patient et tenir compte d'observations des collègues et de les signaler.

    Il est extrêmement important de récompenser les comportements souhaités, il serait lassant de la faire systématiquement. La récompense généralisée perdrait ainsi toute valeur.

    L'idéal serait que le renforcement n'intervienne que pour une conduite positive particulière.